[Lecture] Grand-père, de Marina Picasso

Récemment, je cherchais des idées de lecture et je suis tombée sur ce dossier d’Hellocoton (et plus particulièrement cet article). J’ai quasiment tout noté dans ma wishlist, sachant que j’adore tout ce qui est biographies, autobiographies (ou biopics au cinéma), tout me tentait ! Parmi mes choix, j’ai rapidement décidé par lequel j’allais commencé : Grand-père, de Marina Picasso. Il faut savoir que j’adore la peinture, mais Picasso, je ne connais pas et je n’aime absolument pas comme j’aime Salvador Dali par exemple. Il y a certains de ses tableaux que j’apprécie, je le vois évidemment comme un novateur dans son genre, très talentueux, mais c’est tout (c’est déjà bien). Tout ça pour dire que je ne connaissais pour ainsi dire rien de la vie, ni du « personnage » Picasso.

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Le livre m’a vraiment interpellée. Voici ce que dit la quatrième de couverture :

« Picasso, le plus grand génie du siècle, vu à travers les yeux d’une enfant, Marina, sa petite-fille. En 1973, à la mort du peintre, elle a vingt-deux ans. Pendant trente ans, elle se tait. Il lui aura fallu toutes ces années pour mettre des mots sur sa souffrance, pour caresser avec une émotion infinie et pleine de pudeur cette cicatrice. De la manière la plus intime, la plus terrible, Marina Picasso écrit jusqu’au-delà de la douleur, là où se trouve aujourd’hui sa liberté : ses enfants et ceux du bout du monde. »

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Autant vous dire que j’étais surprise et que ça a piqué ma curiosité ! Car si je ne connais pas franchement Picasso, jamais je n’aurais pu imaginé qu’il était cruel avec ses proches (en plus d’être mégalo), et que c’était limite un passe-temps anodin pour lui de rabaisser tout le monde. Au bout de 10 pages seulement, on comprend tout de suite ce qui a pu mener le frère de Marina Picasso au suicide à 24 ans, et pourquoi il aura fallu 14 ans de psychothérapie à Marina pour tenter de se débarrasser de ce lourd héritage…

Marina raconte alors comment Picasso se fait appeler « le grand maître », « monseigneur » ou « le soleil » (rien que ça), et « Pablo » par ses enfants et petits-enfants. Comment il rabaisse et humilie tout son entourage, comment il est indifférent envers ses petits-enfants. Comment il a monté son fils contre sa mère quand il était enfant. Comment il a laissé son fils et ses petits-enfants dans la misère alors qu’il était riche. Comment il a toujours dévalorisé son fils unique, afin de rester à jamais le seul Picasso qui ait réussi, le seul génie de la famille.

Quelques extraits éloquents :

« Il arrache une feuille de son carnet, la plie et la replie à une vitesse folle et comme par magie naissent de ses doigts puissants un petit chien, une fleur, une cocotte en papier.
– Ça vous plait ? nous demande-t-il de sa voix de rocaille.
[…] – C’est… c’est beau !
Nous aimerions les prendre et les emporter chez nous mais nous le pouvons pas… c’est l’œuvre de Picasso. »

Picasso, à son fils :

« Tu es incapable d’assumer tes enfants. Tu es incapable de gagner ta vie ! Tu es incapable de faire quoi que ce soit ! Tu es un médiocre et resteras toujours un médiocre. […] Je suis el Rey, le Roi, et toi tu es ma chose ! »

« « Monseigneur ne veut pas qu’on l’ennuie ». Tête basse, nous rebroussions chemin. Grand-père appartenait aux autres. Il n’était pas pour nous. Nous n’arrivions pas à comprendre pourquoi tant de gens l’admiraient. A-t-on le droit d’admirer une personne qui refuse sa porte à des enfants ? […] Il avait même dédicacé une assiette à son chien. Pour nous, rien. »

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J’ai vraiment adoré cette lecture, que j’ai dévoré d’une traite ! Je ne saurai que vous recommander de lire ce beau témoignage, bien qu’empreint de souffrance, la plume de l’auteur est très belle et on en apprend pas mal sur le peintre et sa vie, ou du moins sa façon de vivre (plus ou moins régie par ses différents femmes).

Vous pouvez, si vous le souhaitez, vous procurer le livre ici ou ici ;)

The Walking Dead : des comics à la série

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Ça faisait un moment que je voulais vous parler de The Walking Dead, et de mon addiction pour cette série/ces comics. Je me suis rendue compte que c’était vraiment la seule série et les seuls comics que j’attendais avec impatience, bien que les deux soient assez différents.

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Dernièrement, j’ai fait un sacré tri dans les séries que je regardais. Pretty Little Liars, c’est sympa, mais 4 saisons à tourner en rond… Vampire Diaries, idem.

J’ai donc tenté de nouvelles séries sans grande conviction. Il faudrait que je reprenne Revenge (que j’ai lâché en cours de saison 2 car je venais d’avoir mon fils) et je suis toujours Arrow que j’aime beaucoup et qui, après un « creux » en milieu de saison 1, a bien rebondi. Je pense que je ne me lasse pas de The Walking Dead parce que c’est une série qui sait se renouveler en intrigues/personnages/ennemis, contrairement à d’autres (type PLL ou Vampire Diaries donc).

Je ne dis pas que c’est la série parfaite ; elle a des défauts, des invraisemblances, pas mal de longueurs (des moments qui durent 20 minutes alors que ça pourrait être résumé en 5 minutes ou 3 pages d’un comics qui équivalent à une saison entière) mais rien à faire, je reste quand même toujours impatiente de voir la suite. Je la trouve addictive, par ses intrigues, ses personnages (grosse préférence pour Michonne !), l’ambiance particulière, parfois angoissante. Si vous n’êtes pas encore tombé dans la spirale TWD, je vous conseille de foncer ! Je l’ai maintes fois recommandée et tout le monde est tombé dedans !

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Évidemment, je recommanderai de lire les comics avant. Car rien ne vaut l’œuvre originale. Contrairement à ce que feraient croire les images ci-dessus, il y a peu de choses qui se rejoignent, la série n’est absolument pas fidèle aux comics, si ce n’est pour une paire d’événements (leur arrivée à la ferme de Hershel par exemple). Kirkman clame à tout va qu’il veut que la série se démarque de ses comics, pour que les fans puissent suivre la série et garder une forme de surprise, ça va de soi.

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Donc pour ceux qui disent : « je peux pas les lire, ça sert à rien j’ai déjà commencé la série », votre « argument » tombe à l’eau ;) Il y a surtout des intrigues et personnages inconnus dans la série et qui sont passionnants (dont je ne peux malheureusement pas parler sans trop spoiler). C’est parfois (très) trash (c’est la raison pour laquelle ça ne figure pas dans la série sans doute) mais ça vaut vraiment le coup. J’en suis actuellement au tome 19 et ça dépote. Il y a un nouvel « ennemi » au clan, Negan, et je peux vous dire que Le Gouverneur est un enfant de chœur à côté. J’ai hâte de voir ce que ça va donner dans la série !

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[Lecture] L’enfance des dictateurs

J’ai tout récemment lu L’enfance des dictateurs, de Véronique Chalmet. J’ai vraiment dévoré ce livre, il est fascinant !

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Ce que dit la 4ème de couverture :

« […] La tache rouge indélébile qu’ils ont laissée dans les livres d’histoire a fait oublier que même Staline, Franco, Bokassa, Kadhafi, Amin Dada ou Pol Pot, avant de devenir des tyrans, ont un jour été des enfants. Naît-on bourreau ou le devient-on ? Quelle est la part d’atavisme et de penchant psychologique ? Le contexte familial et politique a-t-il une incidence sur l’orientation despotique et l’exercice de la cruauté ? C’est à cette réflexion que Véronique Chalmet invite le lecteur en plongeant aux « racines du mal ». A travers l’évocation d’anecdotes pittoresques de l’enfance et de la jeunesse de dix petits garçons appelés à un sombre destin, elle retrace des épisodes historiques du siècle dernier. Elle esquisse, par touches légères et originales, le portrait de ces despotes tristement célèbres, offrant ainsi un éclairage nouveau sur le décryptage de la tyrannie. »

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Les deux sujets m’ayant le plus intéressée sont les plus « emblématiques », Staline et Hitler, dont l’enfance a été atroce. Les deux étaient battus dès leur plus jeune âge (Staline notamment, alors qu’il était encore tout petit, a échappé à la mort plusieurs fois, tant son père s’acharnait sur lui). C’est dire l’ambiance au sein des foyers…

Idem pour Hitler qui s’en prend des bonnes pour des raisons futiles (parce qu’il a renversé son lait, parce qu’il s’est fait pipi dessus…). Un jour, son demi-frère perdra même connaissance sous les coups du père pour avoir fait l’école buissonnière… (Klara, la mère, ne s’interpose jamais, au risque de se prendre elle aussi une paire de claques). Son père bat aussi (tant qu’on y est) grassement le chien de la famille au point (je cite) « de le faire ramper et pisser sous lui, à seule fin de démontrer à ses enfants qui est le chef ». Hitler continuera d’en faire des cauchemars à l’âge adulte. « Les proches du Führer témoigneront de troubles nocturnes chroniques : « il s’éveille souvent la nuit en poussant des cris convulsifs. Il appelle au secours. Il est saisi d’une panique qui le fait trembler au point de secouer le lit. Il halète comme s’il était sur le point d’étouffer. Entre cauchemars et hallucinations, il croit distinguer une ombre familière : « c’est lui ! c’est lui ! », gémissait-il. Ses lèvres étaient bleues »». Et puis bon, tant qu’on parle du père, notons que c’était un coureur de jupons, qui allait voir un peu partout et qui a envoyé ses deux femmes successives, atteintes de phtisie, crever ailleurs que sous ses yeux. Oui oui, il les a envoyées agoniser à la campagne et a attendu tranquillou qu’elles meurent pour passer à une autre ! Et devinez qui fût la prochaine élue ? Sa nièce ! qu’il a commencé à « convoiter » alors qu’elle avait 16 ans (lui en avait 39)… Avec un arbre généalogique aussi dégueulasse, on comprend déjà la case en moins dans le cerveau d’Hitler, quand on sait qu’il aura plus tard lui aussi des relations très « ambiguës » avec sa propre nièce.

Bref, en dehors de ces anecdotes surréalistes et de ces personnages particulièrement charmants, c’est aussi dingue de voir à quel point le cours de l’Histoire ne tient à rien : si Hitler n’avait pas été recalé des Beaux-Arts, si Staline n’avait pas été renversé par un fiacre au point de devenir boiteux et qu’il était parti à la guerre… peut-être que…

Je vous propose quelques extraits, de quoi vous faire une (petite) idée…

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Idi Amin Dada

« Assa [sa mère], concocte essentiellement des drogues à base de plantes, mais elle se procure quelquefois des ingrédients bien plus terrifiants, destinés à des potions de richesse pour ses clients plus fortunés : des fœtus ou des enfants sont sacrifiés pour leur sang et diverses parties de leur corps. Bébé Idi, avant de savoir marcher, assiste à l’infernale cuisine de sa mère : il surprend des rituels sanglants, entend des gémissements et des soupirs d’agonie qu’on ne sait animaux ou humains, aperçoit sa mère en train de démembrer de petites dépouilles à coups de panga (semblable à une machette) et de mettre à sécher sous le toit de la case des sexes tranchés. Plus tard, lorsqu’il sera officier de commando pour les Britanniques, il se fera une spécialité des interrogatoires menés avec le même ustensile, utilisé pour couper le pénis des prisonniers… »

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Adolf Hitler

« Klara [sa mère] est enceinte de 4 mois et continue d’appeler son mari « Oncle », avec crainte et déférence ; une habitude qu’elle gardera jusqu’à la fin de ses jours, très évocatrice de l’insanité familiale ambiante… »

« Klara est passée maîtresse dans l’art d’obtenir le silence des enfants en présence de leur père. Un tour de force beaucoup plus difficile à réaliser avec le nouveau-né [Adolf Hitler], qu’elle étouffe de caresses et nourrit comme une oie pour faire cesser les inévitables cris et vagissements. Ce gavage provoquera chez l’enfant des colites et autres dérangements intestinaux à répétition, qui deviendront chroniques et tourmenteront Hitler adulte. »

« Des liens consanguins, noués depuis plusieurs générations, ont provoqué diverses déficiences mentales ou physiques dans la famille du futur Führer, et influenceront directement sa politique eugéniste : en décembre 1940, il fera gazer sa propre cousine schizophrène, Aloisia Veit, au centre d’euthanasie du château de Hartheim (Haute-Autriche), avec 18 500 autres handicapés mentaux ; Hitler réduira en cendres un passé qui à l’évidence le hante… »

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Joseph Staline

« Au bout d’un an, il marche puis commence à babiller avec entrain dès qu’il entend de la musique. Sa motricité naissante lui permet également de se cacher dès qu’il distingue le pas titubant de son père, dont il apprend très vite à reconnaître l’état éthylique plus ou moins avancé. »

« Quand son père aviné rentre à la maison et hurle, avant de franchir le seuil, qu’il cherche son « sale petit bâtard » son ceinturon à la main, l’enfant terrorisé se jette en pleurant dans les bras de sa mère pour lui demander de le cacher. C’est un jeu pervers, qui finit inévitablement par la découvert de l’enfant, en prélude au pugilat conjugal. Sosso [surnom de Staline enfant] est ainsi témoin de bagarres terribles entre ses parents, auxquelles il essaie naïvement de mettre un terme ; pris entre les deux, il récolte d’atroces raclées. Un soir, il ramasse un couteau sur la table et le balance à la tête de son père, dans un geste aussi dérisoire que désespéré. »

« Sosso semble être un enfant intellectuellement précoce ; il apprend très vite et facilement à lire et à écrire le russe […]. Mais il faut lui apprendre en cachette, car Besso [son père] est obsédé par l’idée qu’il soit plus instruit que lui, faveur qu’il refuse rageusement de faire à son fils ! Un enfant devant, selon lui, racheter les souffrances de ses parents et en endurer autant, Besso veut en faire un cordonnier comme lui. […] Il le traîne manu militari dans son atelier puant de cuirs fraîchement tannés et le force à y passer des journées entières d’apprentissage à ses côtés, le bourrant de taloches et le fouettant dès qu’il lève la tête de son ouvrage. »

Ce sont les anecdotes qui m’ont le plus marquée (enfin, il y en a d’autres évidemment mais le reste, ce sera à vous de le découvrir si le cœur vous en dit ;)).

Je tiens quand même à préciser un point. Quand j’en parlais à mon B. et que je finissais par dire : « non mais franchement il est génial tu dois le lire ! », il me répondait : « oui mais moi j’aime pas ce genre de bouquins, parce que tu finis limite par les plaindre et je ne veux pas avoir d’empathie pour ces gens-là ». Je vous réponds ce que je lui ai répondu : ce n’est absolument pas le cas ! Le but de l’auteure n’est pas de faire pleurer dans les chaumières mais bien d’expliquer certains points, certains traits de personnalité, ce qui a fait qu’un jour, ces enfants ont perdu toute innocence. Je suis quelqu’un qui a beaucoup d’empathie et à aucun moment, je ne me suis dit : « oh pauvre Hitler, pauvre untel qui a vécu l’enfer, c’est triste » (faut pas déconner non plus, tous les enfants martyrisés ne finissent pas dictateurs). Le livre est simplement très intéressant pour comprendre certaines actions de leur dictature (même inconscientes). Pendant ma lecture, je me disais que je comprenais mieux, pas que j’excusais ! Rien n’excuse un génocide, et encore heureux.

Si vous aimez ne serait-ce qu’un peu tout ce qui tourne autour de la psychologie, des anecdotes, ou même de l’Histoire, vous aimerez sans doute autant que moi cette lecture. Il est très bien traité, agréable à lire et vraiment intéressant. Et c’est un livre accessible à tous, pas besoin d’aimer/d’être bon en histoire, psycho ou je ne sais quoi ;)